Corruption au Sénégal : Afrobarometer vient de publier son rapport, le Sénégal dans la zone rouge

Avatar photoPublié par

Afrobaromèter, le réseau panafricain de recherche par sondage, qui s’intéresse aux questions relatives à la démocratie, à la gouvernance, et à la qualité de vie, a publié le résultat de son dernier sondage sur la perception de la corruption par les Sénégalais. D’après la majorité des Sénégalais interrogée, la corruption est en hausse dans le pays. En même temps, selon le rapport, il se développe au sein de la population une peur de dénoncer les actes de corruption par crainte des représailles. Le rapport pointe également du doigt plusieurs autorités.

Depuis des années, la perception de la corruption ne fait que croitre au Sénégal. Si 34% des Sénégalais estimaient que la corruption s’est accrue en 2014 et 44% en 2017, 75% le pensent aujourd’hui.

Au nombre des catégories socio-professionnelles les plus touchées par la corruption, selon les Sénégalais, il y a d’abord les gendarmes et les policiers. Près de la moitié de la population sénégalaise (47%) pense que la plupart d’entre les gendarmes et les policiers, ou eux tous, sont corrompus. Entre 2017 et 2021, le pourcentage de Sénégalais qui pense que la corruption est très élevée au sein de ces deux corporations est passé de 29 à 47%, soit une augmentation de l’ordre de 18%. 4 Sénégalais sur 10 ayant eu affaire à la police ont déclaré avoir versé des pots-de-vin pour se tirer d’ennui.

Après les gendarmes et les policiers, arrivent les députés à l’Assemblée nationale. À ce niveau, le pourcentage est passé de 24% en 2017 à 37% en 2021, soit un bond de 13% ; les conseillers municipaux ou départementaux (23% en 2017 à 36% en 2021), soit une augmentation de 13% également. Les juges et magistrats figurent aussi parmi les personnes les plus corrompues de la République, avec une croissance du taux de perception de la corruption de l’ordre de 12%, passant de 24% en 2017 à 36%, quatre ans plus tard. Pour les Sénégalais, la Présidence héberge son lot de corrompus. Entre 2017 et 2021, le taux de corruption perçue est passé de 23% à 34%, soit une progression de 11%.

Les fonctionnaires et les membres du gouvernement ne sont pas épargnés par le phénomène. En 2017, 26% des Sénégalais étaient convaincus de la corruption au sein de cette catégorie ; en 2021, ils sont 33%, ce qui traduit une augmentation de l’ordre de 7%. Au bas de l’échelle, il y a les chefs traditionnels chez qui le phénomène a progressé de 3%, passant de 9 à 12% au cours de la période considérée, et les leaders religieux chez qui le taux de 8% observé en 2017 est resté stagnant quatre ans plus tard.

« Les Sénégalais jugent plutôt négatives les performances du gouvernement en matière de lutte contre la corruption au sein de l’administration publique. Bien qu’ils soient conscients des effets néfastes de la corruption sur l’économie, les citoyens redoutent des représailles en cas de dénonciation des actes de corruption », écrit Afrobarometer sur son site officiel.

Ce point sur la réticence des Sénégalais à dénoncer les actes de corruption a été détaillé par Afrobarometer. En effet, la grande majorité des Sénégalais (77%) pense qu’il y a de sérieux risques à faire des dénonciations. Par rapport au degré de pauvreté, c’est surtout les moins nantis parmi les Sénégalais qui sont animés par cette crainte (79% contre 73% pour les plus nantis). Concernant l’appartenance politique, il est clairement ressorti que les « les partisans de l’opposition (85%) redoutent le plus des représailles en cas de dénonciation d’actes de corruption que les personnes apolitiques (78%) et les partisans du pouvoir (73%) ».

'