Manifestants morts au Sénégal: Amnesty International pose un dernier ultimatum à Me Malick Sall

Avatar photoPublié par

Le ministre de la Justice Me Malick Sall a été interpellé à propos des manifestants décédés durant les émeutes pour la libération d’Ousmane Sonko. Jusque là, aucune enquête n’est menée sur les cas de violations des droits humains commises par les forces de l’ordre. C’est ce que déplore Amnesty International qui dans une lettre adressée au ministre, lui pose un dernier ultimatum pour établir la vérité sur la présence d’hommes armés en civil. 

 

Au sujet des récentes manifestations au Sénégal et du nombre de personnes ayant perdu la vie lors des échauffourées, Amnesty International a interpellé le ministre de la Justice Me Malick Sall pour l’exhorter à éclairer la lanterne dans cette affaire. Ainsi dans un courrier adressé au Garde des Sceaux, l’ONG demande à ce que soit assuré l’accès à la justice et à des recours efficaces pour les victimes et leurs familles. Metrodakar publie in extenso la lettre d’Amnesty parvenue au ministre.

 

Garde des Sceaux, Ministre de la Justice

Sénégal

Monsieur le Ministre

Je vous écris au sujet des récentes manifestations au Sénégal, au cours desquelles au moins 11 personnes ont perdu la vie. Bon nombre de ces décès sont attribuables à l’utilisation d’armes à feu par les forces de sécurité contre des manifestant·e·s.

Je suis attristé·e par la perte de ces jeunes hommes et de ces garçons dont les vies ont été brusquement interrompues. Ceux qui ont utilisé la force mortelle pour réprimer les protestations #FreeSénégal doivent être tenus responsables. Les familles de ceux qui ont été tués illégalement méritent des réponses et justice.

Je vous demande de veiller à ce qu’une enquête rapide, approfondie, impartiale, efficace et transparente soit menée sur tous les cas de violations des droits humains commises par les forces de l’ordre, y compris les meurtres et les blessures des manifestants et passants. Les personnes soupçonnées d’être responsables de ces morts doivent être traduites en justice.

Selon la Croix-Rouge sénégalaise, au moins 590 personnes ont également été blessées lors des manifestations du 3 au 8 mars 2021. Dans plusieurs vidéos documentant ces incidents, la police tire à bout portant sur les manifestants, en violation flagrante des normes sur le maintien de l’ordre public pendant les manifestations. Dans d’autres vidéos, la police est entrée dans les maisons, pourchassant les manifestant·e·s et tirant sur les résident·e·s de ces maisons privées. À plusieurs reprises au cours des manifestations, des hommes armés en civil et armés de bâtons, de gourdins et de fusils ont été vus pourchassant les manifestant·e·s et, dans plusieurs cas, leur tirer dessus. Dans certaines de ces vidéos, la police était présente au moment de l’incident, mais n’est pas intervenue pour mettre fin à cette violence.

Je vous exhorte à assurer l’accès à la justice et à des recours efficaces pour les victimes et leurs familles. La vérité doit être établie sur la présence d’hommes armés en civil, pourchassant les manifestant·e·s à Dakar du 3 au 8 mars. Le fait que certains de ces hommes armés portaient des fusils et tiraient sur des manifestant·e·s me préoccupe beaucoup.

En outre, je vous exhorte à mettre fin aux arrestations massives à la suite des manifestations et à libérer les membres de la société civile et de l’opposition arbitrairement arrêtés. Plusieurs nouvelles arrestations ont eu lieu depuis le 8 mars, créant un climat de peur au Sénégal.

Il est temps de rendre des comptes et de rendre justice.

METRODAKAR

→ A LIRE AUSSI : Sidy Ahmet Mbaye à Adji Sarr: « même moi qui t’écoute, je ne te crois pas »

→ A LIRE AUSSI : Affaire Ousmane Sonko : Adji Sarr maintient le flou sur sa grossesse

→ A LIRE AUSSI : Keur Massar : Un autre vieux subit les effets secondaires du vaccin AstraZeneca

'