Pour avoir un fils, le mari falsifie le certificat de mariage et épouse une ñaarel

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Poursuivi pour les délits de faux et usage de faux en écriture publique et bigamie par son épouse, Mamadou Diop a nié les faits à la barre du tribunal de Pikine-Guédiawaye. Son épouse, Diodio Ndiaye, soupçonne son mari d’avoir falsifié le certificat de mariage dans lequel ils avaient opté pour le régime de la monogamie avec communauté des biens. 

 Après la lune de miel célébrée en 1998 alors que Mamadou Diop et Diodio Ndiaye étaient des étudiants, place maintenant aux interminables lunes de fiel. Le couple, qui s’était juré d’unir son destin pour le meilleur comme pour le pire, est en train de voler en éclats. Trois ans seulement après la célébration de leur union, Mamadou Diop est parti aux USA pour y poursuivre ses études tandis que son épouse Diodio Ndiaye est entrée dans la fonction publique en sa qualité d’enseignante.
 Selon Diodio Ndiaye, de leur union sont nées deux filles. Malheureusement pour le couple, Diodio n’a jamais eu de garçon. Or, le mari, lui, nourrissait le rêve d’avoir un garçon qui pourrait perpétuer son nom de famille. D’où son souhait de trouver une seconde épouse. « Une nuit, alors qu’on était dans la chambre durant un de ses retours de voyage, Mamadou Diop m’a fait part de son souhait de prendre une seconde épouse. Au début, je croyais qu’il plaisantait. Mais, au fil de la discussion, je me suis rendue compte qu’il était sincère. Je lui ai alors fait savoir qu’il avait signé sous le régime de la monogamie avec communauté des biens. Il jura le contraire. Depuis lors, on ne fait que se chamailler et actuellement nous sommes au bord du gouffre et attendons cette décision pour divorce », a expliqué la plaignante aux juges.
 A l’en croire, c’est sur ces entrefaites que son mari est parti à la mairie pour tenter d’obtenir un volet du certificat de mariage. « A ma grande surprise, j’ai constaté une surcharge des écritures dans le registre. A la place de monogamie, on a mis polygamie avec biens séparés. L’officier d’État civil, qui l’a constaté en même temps que moi, a refusé de me délivrer une copie (…) Sans rien dire à mon mari, j’ai décidé à mon retour de fouiller dans ses bagages. J’ai pu ainsi photographier un acte dans lequel on a mis monogamie avec communauté des biens. C’est sur cette base que j’ai décidé de porter plainte contre lui » a-t-elle ajouté.
 Face à ces accusations, Mamadou Diop a tout nié et soutenu qu’en tant que musulman, il peut avoir jusqu’à quatre femmes. « C’est moi qui ai déclaré le mariage à la mairie alors que ma femme était à Saint-Louis pour des besoins professionnels. Lors de la déclaration, Diodio Ndiaye n’était pas présente. Feu Saer Ndiaye, officier de l’État civil, avait décidé de réserver la signature de ma femme en son absence car elle était en formation à l’EFI à Saint-Louis. J’avais signé sous le régime de la polygamie avec séparation de biens en présence de mes témoins et de ceux de ma femme. Je n’ai jamais signé un autre régime que celui de la polygamie et mon avocat va vous produire l’acte authentique », s’est-il défendu.
 Cependant, le président du tribunal, qui semblait marquer son scepticisme vis à vis des dires du prévenu, lui a fait remarquer qu’on ne peut pas signer un acte de mariage sans la présence des deux parties. Mamadou Diop de rétorquer : « l’officier d’État civil l’avait fait uniquement pour nous arranger, car nous étions à quelques semaines d’épuiser le délai prévu par la loi pour l’obtention du fameux sésame. Sinon, ce serait d’éternels va et vient entre le tribunal et la maison ». Interrogé, l’actuel officier d’État civil, Babacar Diop, a persisté à justifier son refus de délivrer un acte pour lequel les pages du registre ont été surchargées. « Lorsque j’ai constaté la surcharge, j’ai dit à madame que je ne vais pas lui produire de copie car j’ai constaté une annulation et une surcharge. Je lui ai suggéré d’aller au tribunal (…) J’ai pris fonction en 2009. Comment aurais-je pu signer un acte datant de 2005 ? », s’est-il interrogé.
 Une affaire simple et complexe à la fois 
L’avocat de la partie civile, Me Étienne Dioh, a soutenu que l’affaire est simple et complexe à la fois. « On peut, durant sa tendre jeunesse, aimer une femme et prendre des décisions qu’on peut regretter avec le temps. Lorsqu’ils se connaissaient, ils étaient tous deux des étudiants. Il s’était engagé à signer la monogamie avec communauté des biens. Il a pu partir et émigrer aux USA. Dans la coutume, avoir des filles c’est bon, mais avoir des garçons c’est mieux. Il voulait avoir une autre femme pour avoir des garçons. Mais, ma cliente s’y est opposée. Le couple frise le divorce actuellement », indique la robe noire.
 Qui poursuit: « Le mari dit qu’il était seul lorsqu’il déclarait le mariage. Or, une seule personne ne peut déclarer un mariage car il faut la présence du couple. Les morts ont beau dos. Dommage que feu l’officier d’État civil ne soit plus là… Dans l’acte d’État civil original, il y a eu surcharge et il est clair qu’il y a eu la signature de ma cliente. Or, le mari s’obstine à dire qu’elle n’était pas présente. On a découvert la surcharge sous le magistère de M. Babacar Diop. On ne peut pas jurer que c’est lui ou c’est un de ses agents qui l’a faite. Mais le fait est qu’il y a eu surcharge… On a mis bien séparés alors que dans les actes on met séparation de biens…»
 Avant de conclure: « Celui qui a intérêt à surcharger est bien le mari. Ma cliente a tout intérêt à voir les mentions connues. Elle n’a pas le droit d’avoir un autre mari… Les faits pour lesquels Mamadou Diop sont poursuivis sont constants. On a annulé en dehors d’une décision de justice. Si les constats ne suffisent pas, il faut la présence d’un graphologue. Le prévenu dit que je n’attends que cette procédure pour divorcer. Je sollicite de le déclarer coupable des faits et pour la réparation, nous réclamons le franc symbolique. On ne cherche pas à battre monnaie », a plaidé Me Dioh.
 Madame le procureur a requis l’application de la loi. Me Bamba Sylla de la défense a soutenu que si la loi doit s’appliquer dans toute sa rigueur, son client sortira libre de cette salle. « Il y a eu une altération d’un certificat de mariage. Cette affaire pouvait ne pas atterrir ici car ces deux personnes ont entretenu des faits les plus privés. Mon client est poursuivi pour faux dans un document administratif… C’est l’accusation qui doit établir ces accusations. Mon client a-t-il altéré ? Voilà la question à laquelle vous devez répondre, messieurs les juges. Nous attendons que vous fondiez des éléments de culpabilité ou de relaxe dans votre décision… Comment peut-on altérer quelque chose qu’on ne détient pas. C’est l’époux qui doit opter. Et il dit que j’avais opté pour la polygamie…. L’acte est irrégulier car surchargé et contient des ratures. Je sollicite de relaxer purement et simplement mon client de tous les délits pour lesquels il et poursuivi. Un acte nul ne peut pas produire un acte de droit », a-t-il déclaré.
 L’autre avocat de la défense, Me Oumar Sy, a sollicité également renvoyer le mari et l’officier d’état civil des fins de la poursuite sans peine ni dépens. L’affaire est mise en délibéré pour le 13 juillet prochain, rapporte Le Témoin qui assisté à l’audience.

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