RUSSIE-UKRAINE : Monsieur le président Macky SALL, ne suivez pas Macron aveuglément, (Mamadou Mouth Bane)

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Monsieur le président de la République, Macky SALL, n’attendez pas l’éclatement de la guerre pour appeler à la paix. C’est en période de paix que l’on évite la guerre.

Hier, le président du Sénégal, Macky SALL, président de l’Union africaine a publié un communiqué au nom de l’instance continentale, sur la situation en Ukraine. Le président de l’UA et le président de la Commission de l’Union Africaine, Moussa Faki Mahamat, ont exprimé «leur extrême préoccupation face à la très grave et dangereuse situation créée en Ukraine».

En vérité, qui est à l’origine de cette «dangereuse situation» en Ukraine ? Poutine n’a-t-il pas le devoir de défendre son pays et ses compatriotes, lorsqu’il constate que :

1- Des citoyens russes sont froidement exécutés et enterrés dans des fosses communes dans le Dombass

2- Les adversaires de la Russie s’approchent de ses frontières

La question ukrainienne touche la sécurité intérieure russe. Or, Poutine ne négocie pas la sécurité des Russes et la stabilité de son pays face à ces équilibres géopolitiques à gérer dans toute la région. Les manœuvres contre son pouvoir et en faveur de son opposant Navalny, les sanctions économiques, financières, sportives et la propagande médiatique, ne pourront pas influencer l’évolution des choses dans les rapports de forces entre les deux blocs : Est/Ouest.

Attention aux médias occidentaux, surtout la presse française qui déroule un plan de «Com» anti russe pour accompagner le mandat de Macron à la tête de l’UE ! Dans les régions de Donetsk et de Lougansk, plusieurs fosses communes ont été découvertes après le massacre de plusieurs personnes d’origine russe. Des photos et des vidéos qui prouvent ce massacre existent. Pourtant, aucun média n’en parle…

Aujourd’hui, il est avéré que, ni le Sénégal, ni l’UA ne disposent de moyens pour vérifier les renseignements sur le terrain à Dombass afin de pouvoir dégager une position objective, neutre et non influencée. Alors, c’est sur la base des renseignements fournis par la France et ses médias, que Macky SALL a péremptoirement pris position, engageant ainsi l’UA et le Sénégal, dans une guerre d’autrui.

Or, le rôle du président sénégalais devrait s’orienter vers l’anticipation à cette crise comme l’avait fait le président Me Abdoulaye WADE en 2003 lorsqu’il avait eu un entretien téléphonique avec le président Bush pour éviter une guerre en Irak. L’ancien président sénégalais n’avait pas réussi à faire reculer Bush, mais le monde entier avait loué cette initiative pour éviter une guerre contre l’Irak, et en toute impartialité.

Le président Sall a appelé «la fédération de Russie et tout autre acteur régional ou international au respect impératif du droit international, de l’intégrité territoriale et de la souveraineté nationale de l’Ukraine ».

Par la suite, le président en exercice de l’UA et le président de la Commission de l’Union Africaine ont exhorté, «les deux parties à l’instauration immédiate d’un cessez le feu et à l’ouverture sans délai de négociations politiques sous l’égide des Nations Unies, afin de préserver le monde des conséquences d’un conflit planétaire, pour la paix et la stabilité dans les relations internationales au service de tous les peuples du monde».

Le chef de l’Etat sénégalais a parlé de «respect impératif du droit international». Macky SALL oublie que le droit international est fait pour les Etats faibles. Par exemple, en 2010, en Libye, la France de Nicolas Sarkozy avait violé ce droit international, sous un prétexte fallacieux d’une Résolution des Nations Unies négociée dans les coulisses, en engageant une guerre qui a provoqué la mort de Mouammar Kadhafi avec son lot de victimes sans que la Justice internationale ne s’en saisisse. SARKOZY n’a jamais répondu de ses actes en Libye sans oublier ses conséquences passées et actuelles.

Qui a fragilisé le Soudan pour aboutir à la naissance d’un Soudan du Sud, en violation du principe d’intangibilité des frontières héritées de la colonisation, consigné dans la charte fondatrice de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA devenue UA), en 1963 ?

Les violations des Droits humains sont multiples et imputables à une grande puissance qui refuse que ses militaires soient jugés par des juridictions internationalement reconnues. La liste est longue de ces cas où le droit international est à (géopolitique) variable. Ne tombons pas dans leur jeu.

On se privera d’évoquer ici le génocide rwandais avec ses cortèges de cercueils dans lequel, des Français ont été cités. Il n’existe pas dans ce monde, un coin où le droit international n’a jamais été violé par les grandes puissances, surtout en Afrique plus particulièrement les Français.

Aucune puissance internationale ne se préoccupe du droit international lorsque ses intérêts sont en jeu. Autre exemple, au Mali, le Premier ministre Sogaï MAIGA a révélé le projet de partition du Mali, concocté par la France, en violation du droit international. Ce dossier est actuel et pourtant, la CEDEAO et l’UA s’en détournent. Qu’attend le président de l’UA pour interpeler le président Macron sur cette violation continue du droit international au Mali ?

Chez nous en Casamance, des chefs rebelles du MFDC vivent en France avec des documents de séjour, délivrés par la République française, en violation des Accords de défense entre Paris et Dakar en vigueur depuis 2012 et du droit international.

L’alignement de Macky SALL derrière Emmanuel Macron ne se justifie pas et risque d’être préjudiciable aux intérêts géostratégiques du Sénégal.

Face à cette situation en Ukraine, tous les dirigeants du monde doivent s’investir pour gérer l’équilibre stratégique mondial. En tant que président de l’UA, Macky SALL doit mettre un terme à son acte d’allégeance à son « neveu », Macron, président de l’Union Européenne. D’ailleurs, nul n’avait compris son séjour récent à Paris à la veille de la tenue du sommet UE/UA. Aux yeux du monde entier, le président sénégalais s’était rendu à Paris pour prendre sa feuille de route des mains de son mentor Macron qui cherche à instrumentaliser la CEDEAO et l’Union Africaine pour maintenir son influence en Afrique francophone. Il ne faudrait pas que le président sénégalais accepte de faire de MACRON l’autre président de l’Union Africaine par procuration.

Sous la présence sénégalaise, l’Union Africaine ne doit pas être un instrument aux mains de Macron qui décide des orientations et des démarches. Et, la publication du communiqué de l’UA d’hier, après la conférence de presse de Macron, laisse croire que Macky SALL consulte le président de l’UE avant de prendre une décision. Cet alignement est intolérable.

Dans ce conflit entre l’Union européenne (Ukraine) et la Russie, les médias occidentaux ont choisi de jouer à fond la carte de la manipulation avec des informations qui tournent en boucle pour influencer l’opinion internationale surtout dans les pays francophones. Mieux encore, les médias français n’ont fait aucun effort pour informer sur les tueries perpétrées en terre ukrainienne contre des populations russes. Plusieurs Agences d’informations, des Instituts et Centres de recherche sont mis en contribution pour jouer un rôle de chercheur/influenceur à travers les médias sans oublier les professeurs qui défilent sur les plateaux de télévisions pour porter la doctrine européenne.

Si Poutine n’existait pas, il fallait le créer pour gérer les équilibres géopolitiques internationaux. D’ailleurs, que serait ce monde si Poutine n’existait pas avec toutes ces situations conflictuelles créées en Syrie, en Libye, en Centrafrique, au Mali, en Irak, etc.

Les puissances internationales doivent s’engager pour bâtir un monde de paix et de justice. La Russie, les USA, l’Europe, la Chine, l’Union africaine ont un grand rôle à jouer pour atteindre cet idéal.

Quand des géants s’affrontent, les faibles doivent quitter le ring. Le Sénégal devrait s’engager avant l’éclatement du conflit afin d’imposer son leadership et sa vision de paix, à travers le monde. Rien n’empêchait au président sénégalais de jouer les grands rôles dans ce conflit en engageant des discussions entre les deux parties en tant que président de l’UA.

Au-delà du résultat attendu, c’est l’initiative qui importe plus. Mais sa prise de position calquée sur celle de Paris, a été manifestement très partisane. Et, cela disqualifie le président de l’UA qui a affiché son appartenance au camp de l’Europe donc de la France de Macron.

La hausse probable des coûts des produits stratégiques comme le pétrole, le blé, etc., aura des conséquences directes sur le consommateur sénégalais dans le court terme.

Le président sénégalais devrait comprendre que la Russie est une puissance militaire, nucléaire et numérique avec des capacités de nuisance tactiques très redoutables. Par conséquence, le président SALL ne perd rien pour comprendre que la guerre en Ukraine n’est pas sa guerre, s’il ne peut pas s’investir pour la paix, en toute indépendance.

En tant que président de l’UA, il doit plus concentrer toute son énergie sur les crises en Afrique : au Mali, en Centrafrique, en Libye, au Tchad, au Burkina Faso, en Guinée, sur la lutte contre le terrorisme, sur la relance économique, sur la crise sanitaire entre autres.

Ensuite, qu’il laisse les géants régler leur différend entre eux, s’il aspire à gouverner en toute quiétude. Dans ce monde où chacun gère ses intérêts, il est inutile d’avoir le courage d’affronter la puissante Russie de Poutine, surtout pour un petit pays agricole comme le Sénégal.

Monsieur le président, remettez le pays au travail par la nomination d’abord d’un Premier ministre…

Enfin, Monsieur le président, merci d’avoir baissé le prix des denrées.

Marième Faye Sall a bien transmis la doléance des jeunes.

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